Début de formation MF1

Après la formation d’initiateur que j’ai suivie en fin 2019, j’attendais avec impatience la suite ! C’est donc enfin arrivé : le stage initial MF1 a débuté de week-end et j’y ai participé avec plaisir.

De la théorie avant la pratique

Le stage initial de la formation MF1 est prévu pour acquérir les fondamentaux théoriques et pédagogiques qui permettront ensuite de former des plongeurs en situation réelle. Il y a plusieurs choses à étudier, qui recouvrent ce que j’ai vu pendant l’initiateur, mais qui s’appliquent à des situations plus larges et diverses : le MF1 peut former tous les niveaux de plongeur, et surtout en milieu naturel. Le stage a donc permis de revoir tout ça dans ce nouveau contexte :

  • « Accueil des plongeurs » : communication, animation, promotion de la structure et de la fédération, caractéristiques des différents publics.
  • « Conception pédagogique » : notions d’action de formation, de capacités, compétences, d’objectifs de formation, initiation, perfectionnement, pré-requis et acquis, niveau initial, niveau final, différentes formes d’évaluation, régulation de l’apprentissage.
  • « Formation des plongeurs » : démarche pédagogique pour la conception d’une séance, d’une progression, méthodes de formation des plongeurs et outils pédagogiques, méthodes pédagogiques actives, logique de déroulement d’une séance.
  • « Connaissances support » : Réglementation relative à l’activité, code du sport, délibération spécifique à l’activité en Nouvelle-Calédonie, les APS, les associations, le matériel, les responsabilités et assurances, statut et règlement

Tous ces éléments ne m’ont pas paru nouveaux, mais un rappel ne fait jamais de mal !

Test de connaissances

En plus de l’étude des divers documents, des exercices de pédagogie pratique et organisationnelle, et des discussions intéressantes que composaient ce début de stage, nous avons eu la surprise de passer un petit test de connaissances, basé sur ce qui est demandé au niveau 4 et indispensables pour préparer le niveau MF1.

Pour une fois j’ai pu conserver le sujet ! Et donc faire des recherches plus facilement que lorsqu’il faut déjà commencer à se souvenir des questions, ça fait plaisir ! Le petit test comportait 6 questions, assez précises et intéressantes pour faire réfléchir un peu au delà de juste ressortir des connaissances brutes. J’ai appris des choses en y répondant, je suis contente ! 🙂

Q1 : Phénomène de la narcose

Depuis le début des recherche pour expliquer le phénomène de narcose en plongée scaphandre, on parle de l’affinité de l’azote pour les lipides et de son action sur les cellules du SNC. C’est la théorie lipidique : perturbation de la transmission (ralentissement) de l’influx nerveux au niveau de l’axone.
Depuis 15 ans, une autre approche est avancée pour expliquer les effets de la narcose. Qu’elle est-elle ?

La réponse, c’est la théorie protéique. J’avais bien le nom de théorie pour cette question, mais aucune idée de ce que cela signifie réellement à part mentionner que ça touche probablement des protéines qui entrent en jeu dans le système nerveux… J’ai fait quelques recherches du coup, et j’ai trouvé ça très intéressant. Plutôt que de réexpliquer, voici quelques ressources bien faites que j’ai trouvé sur le sujet :

Q2 : La compensation des détendeurs

En matériel, on parle, lis et argumente les avantages de la compensation sur les détendeurs. Expliquer clairement ce qu’est la compensation sur le premier étage d’un détendeur et les avantages qui en découlent.

Bon celle là c’était pas hyper compliqué, j’avais pas mal travaillé le sujet pour le niveau 4, du coup c’était clair. La compensation c’est une technique qui permet d’obtenir une pression stable en sortie quelle que soit l’air qui reste dans la bouteille. Sans compensation, la haute pression (dans la bouteille) facilite l’ouverture du piston, et du coup il est plus facile de respirer sur une bouteille pleine (en début de plongée) que sur une bouteille en fin de plongée. Les détendeurs compensés sont donc construits pour ne pas offrir à la haute pression de surface permettant d’ouvrir le clapet et d’actionner le piston ou la membrane, ce qui fait que quelle que soit la pression dans la bouteille, on respire l’air sans effort supplémentaire.

Et j’oublie à chaque fois, mais cette technique permet aussi d’augmenter le diamètre du piston et donc le débit d’air distribué par le détendeur :p

Q3 : Pas d’apnée – pas d’efforts – pas d’avion après la plongée

Après une plongée scaphandre ou plusieurs plongées successives, on rappelle à nos plongeurs qu’il ne faut pas faire d’apnée, d’efforts physiques ou prendre l’avion. Expliquer le bien-fondé de ces 3 affirmations.

Bon alors celle là, je me suis rendu compte que c’était pas si clair que ça. Et pourtant, ca me semble indispensable de bien comprendre pourquoi ! Voici donc la réponse complète :

Pas d’apnée
  • L’arrêt de la ventilation provoque l’arrêt de l’élimination de l’azote excédentaire dissout : l’apnée rend le filtre pulmonaire inefficace puisque l’air n’y est plus renouvelé. Le sang repart vers le cœur gauche non déchargé de son azote et les microbulles sont redistribuées dans la grande circulation.
  • les aller-retour entre la surface et la profondeur recompriment les bulles à la descente (leurs diamètres diminuent), et à la remontée, d’autres nouvelles bulles sont générées, prennent du volume et peuvent s’agglomérer entre elles et risquent de faire déborder le filtre pulmonaire. Elles peuvent donc repartir dans la circulation artérielle et favoriser un ADD.
  • les vitesses de remontée trop rapides des apnées peuvent pour les mêmes raisons qu’en plongée bouteille occasionner un dégazage anarchique de bulles pathogènes accumulées pendant la plongée bouteille.
  • des aller/retours répétés et profond vont rajouter en azote dissous
Pas d’efforts physiques
  • L’activité musculaire intensive augmente le rythme cardiaque et donc le débit et les turbulences intra cardiaques. Cela génère par cavitation la création de microbulles (N2 + CO2) : ces noyaux gazeux se rajoutent aux autres amorçages pour bulles silencieuses. Le filtre pulmonaire peut être dépassé, les bulles passent dans circulation artérielle du cœur gauche et augmentent les risques d’ADD.
  • La température corporelle augmente dans l’activité physique et peut influencer en augmentant la taille des bulles (loi de Charles)
    Les efforts physiques font perdre de l’eau (par ventilation et sudation), la volémie diminue, le sang devient plus épais et les micro bulles circulantes s’éliminent plus difficilement
  • Les efforts physiques demandent des blocages de la ventilation en hyperpression et favorisent l’ouverturedu FOP, qui accroit directement les risques d’ADD.
Pas d’avion ou d’altitude
  • En sortant de l’eau, certains compartiments sont encore en état de sursaturation en azote. La ventilation normale et à pression atmosphérique permet le dégazage contrôlé des bulles non pathogènes. Si l’on monte en altitude, la pression atmosphérique diminue, le volume des bulles de gaz peut augmenter ainsi que le nombre et entraîner des dégazages non contrôlés et donc des ADD.
  • En avion, sur les vols internationaux, en cabine la pression est de 0.8 b. Le risque est le même qu’en altitude auquel peut se rajouter un problème éventuel de dépressurisation brutale en cas de panne du système de maintien de pressurisation.

Q4 : Sous-marins et bathyscaphes

En immersion, les sous-marins (navires militaires) et les bathyscaphes (engin scientifique pour très grande profondeurs) peuvent évoluer en profondeur.  Tous 2 remontent vers la surface selon le même principe, lequel ? Mais pas avec le même procédé : expliquer ! 

Bon, autant j’ai déjà du lire le mot bathyscaphe, autan sur le moment j’avais aucune idée de ce que c’est… j’ai donc dû tricher un peu et je me suis renseignée :p

Un bathyscaphe, c’est un engin qui est généralement utilisé par les scientifiques pour aller explorer les profondeurs. Il descend par gravitation (flottabilité négative), et remonte en lâchant du lest pour passer en flottabilité positive.

Les sous-marins eux utilisent leurs ballast pour faire varier leur volume en les remplissant d’air ou d’eau et peuvent ainsi monter ou descendre.

Les 2 engins utilisent la poussée d’Archimède, dont l’intensité est égale au poids du volume d’eau déplacé par l’objet immergé, mais le premier fait varier son poids tandis que le second fait varier son volume !

Q5 : Assurances hors club

Vive la plongée en structure fédérale : son activité est réglementée et couverte par les différentes assurances du groupe AXA Lafont.
Si l’on plonge hors club fédéral, entre ami(e)s, sommes-nous couverts en cas d’accidents de plongée incriminant ou non une tierce personne ? 

Celle là était facile pour moi, les histoires d’assurance sont assez claires dans ma tête 🙂

En club fédéral c’est simple : la licence inclut une assurance responsabilité civile qui nous couvre en cas de dommages causés aux tiers. En club, tous les membres sont licenciés et donc tous assurés en responsabilité civile. En cas d’accident n’impliquant pas un tiers, il existe une assurance complémentaire en responsabilité individuelle (les Loisir 1, 2 ou 3 qu’on peut souscrire avec la licence également), qui va donc nous permettre de se couvrir soi-même (prise en charge de frais médicaux et/ou de transports par exemple).

Hors club, on peut se demander si cette assurance s’applique également ? Et bien oui ! Quel que soit le contexte, elle couvre toutes nos activités de plongée ! Bien sûr cette assurance ne couvre pas les délits relevant du pénal, c’est uniquement pour les dommages involontaires causés aux autres pour l’assurance responsabilité civile, et pour les dommages sans tiers responsable pour l’assurance individuelle.

Q6 : Flottabilité des requins

Le requin est un poisson emblématique parmi les plongeurs que nous sommes surtout dans l’Océan Pacifique.
Au cinéma, dans les films à sensation ou il a la part belle comme prédateur sanguinaire, insatiable et méthodique vis à vis de l’Homme, il lui arrive souvent d’être tué à la fin du film (par le héros et de mille façons différentes). Mort(s), il(s) flotte (ent) à la surface, à plat dos, le ventre en l’air. C’est bien du cinéma : pourquoi ? 

Malgré mon intérêt pour la question, j’avoue que je n’avais aucune idée de quoi répondre à cette question. J’ai même eu du mal à la comprendre, je ne savais même pas si les requins flottent ou pas une fois morts… Après quelques discussions rapides avec les autres stagiaires, je me suis souvenue de cette histoire de vessie natatoire, mais c’était encore très flou. J’ai donc du chercher un peu et poser des questions, et j’ai fini par comprendre :p

De base, les poissons sont plus denses que l’eau de devraient donc couler. Pour leur permettre de se déplacer comme bon leur semble, la plupart ont une “vessie natatoire” qu’ils peuvent gonfler de gaz ou non. Cette poche se trouve sous leur corps, et quand ils meurent, elle se remplit de gaz issu de la décomposition, et donc ils se retrouvent à flotter ventre en l’air.

Certains poissons qui vivent sur le fond n’ont pas cette vessie natatoire, et les requins non plus. S’ils ne nagent pas, ils coulent, et on en voit d’ailleurs souvent posés immobiles sur le sable ! Pour se déplacer ils doivent donc nager, mais leur squelette cartilagineux et leur foie volumineux riche en huile moins dense que l’eau diminue leur poids, et leur facilitent la tâche ! Mais du coup quand ils meurent, ils ne flottent pas du tout, ils coulent quand même…

Quelques liens supplémentaires que j’ai trouvés pendant mes recherches :

Formation pratique

Suite au stage initial, nous avons reçu un livret pédagogique Moniteur fédéral 1er degré, dans lequel il va falloir consigner chaque session de formation pratique effectuée. Car la suite se fait en club, sous la tutelle d’un MF2 qui validera (ou pas!) chaque séance de formation, que ce soient des séances pratiques dans l’eau, des cours théoriques, ou de l’organisation. Et il y a du travail à faire en perspective, puisque je vais devoir faire au minimum :

  • 5 séances d’enseignement pratique sur des thèmes différents, avec conception, réalisation et évaluation pour chaque séance
  • 5 séances d’enseignement théorique sur des thèmes différents, avec conception, réalisation et évaluation pour chaque séance
  • 5 séances pour le module « organiser et sécuriser l’activité » couvrant l’ensemble des prérogatives d’un Directeur de Plongée en milieu naturel et artificiel
  • pour le module « organiser un cursus de formation », couvrir l’ensemble des cursus (niveaux 1, 2, 3 et 4)
  • et il est recommandé de participer à un examen complet de Guide de Palanquée – N4

A suivre donc, en espérant que le contexte sanitaire nous laisse la possibilité d’en faire un peu de temps en temps !