Campagne photo aux récifs d’Entrecasteaux en décembre 2019

Les atolls d’Entrecasteaux

La Nouvelle-Calédonie est composée de la grande terre et de plusieurs îles : Lifou, Maré, Ouvéa, l’île des Pins au sud, ou encore les îles Belep au nord, mais on oublie souvent que c’est aussi un espace marin gigantesque : 1,3 million de km2 ! Tout cet espace autour des lagons s’appelle le parc naturel de la Mer de Corail et est géré par le gouvernement calédonien (Voir le site officiel du parc : https://mer-de-corail.gouv.nc/).

Les atolls d’Entrecasteaux se trouvent au nord ouest de la Grande Terre, dans le prolongement des îles Belep, mais en dehors du grand lagon nord. Ils sont inscrits au patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 2008, et sont classés réserve naturelle protégée : il faut une autorisation pour y pénétrer ! Ils couvrent 3 240 km2 avec 2 grands atolls : Surprise au sud, Huon au nord, et quelques autres petits atolls autour de ces 2 grands. Il existe des petits îlots sur les barrière des atolls : 3 à Surprise (Fabre, Le Leizour et Surprise), et un à Huon, du même nom. Aucun n’est habité, il n’y a aucune construction ou installation humaine.

Les récifs D’Entrecasteaux sur Google Maps : on peut distinguer les atolls sur la version satellite

 

Le contexte

Le parc naturel de la mer de Corail cherchait en fin d’année 2019 des photographes et vidéastes pour enrichir et renouveler les images des récifs d’Entrecasteaux pour leur communication. Un peu frileuse au début sur ma capacité à remplir cette mission, j’ai finalement envoyé un dossier et ai eu la surprise d’être retenue pour participer à cette campagne ! L’organisation s’est fait très rapidement, et je me suis donc embarquée sur le catamaran affrété pour l’occasion avec 9 autres photographes et vidéoastes et membres d’équipage et de sécurité. La mission était prévue sur 12 jours, du 5 au 17 décembre 2019, avec 2 jours de navigation aller, et presque 3 au retour !

Mon rôle pour cette campagne était clair : plonger et faire des photos ! 😀 Je ne pouvais pas être plus dans mon élément ! 😉 Un autre photographe sous-marin participait également à cette mission, et un directeur de plongée serait également présent sous l’eau avec nous pour assurer notre sécurité à tout moment. La sécurité a d’ailleurs été prise au sérieux : 2 téléphones satellites sur le bateau, plus de 20 heures d’autonomie d’oxygène à bord pour pouvoir attendre l’hélicoptère en cas d’accident, des plongées limitées en profondeur, 3 heures d’intervalle de surface obligatoires chaque jour… un contexte rassurant pour une mission tout de même risquée, en dehors des zones de couverture des secours habituels.

Le choix des sites de plongée

Nous sommes partis avec une carte de la zone, mais peu d’indications sur les sites sur lesquels plonger. Quelques points GPS nous avaient été donnés par les affaires maritimes, mais sans explication : s’agit t’il de points de mouillage ? De stations utilisées par les scientifiques ? De points d’intérêt particuliers ? Nous avons donc commencé les plongées sur ces points, qui se sont avérés plutôt décevants. C’est sur ces points que la plupart des plongées à Surprise ont été faites.

Après quelques essais mitigés, nous avons donc tenté une nouvelle stratégie : regarder la carte, et choisir les sites en fonction du relief visible. Les passes sont habituellement des endroits de passage privilégiés par les animaux marins, et la vie y est plus souvent foisonnante qu’ailleurs. Ce qui s’est confirmé : la plupart des passes ont donné de belles plongées !

A l’intérieur de l’atoll Huon où il n’y a pas de passes pour choisir où plonger, nous avons également tenté quelques pics isolés, mais après quelques tentatives plutôt décevantes aussi, nous avons demandé l’aide des plongeurs apnéistes qui étaient également sur le bateau : avant de nous équiper, ils allaient rapidement jeter un œil sous l’eau, s’ils estimaient qu’il y a de la vie et des choses à voir nous y allions aussi, sinon on cherchait un autre endroit. Cette stratégie nous a fait gagner du temps par la suite, et j’ai adoré ce travail d’équipe !

Quelques secondes avant la mise à l’eau !

Ce à quoi je m’attendais, et ce que j’ai trouvé

Quand on parle de récifs et d’atolls aussi éloignés de toute activité humaine, on s’imagine des paysages sous-marins somptueux, intacts, des océans remplis de poissons de toute sorte, peu farouches, qui font leur vie tranquillement depuis toujours ! Mais c’est une vision déformée, celle qu’on voit dans les documentaires et qui nous montrent ces images extraordinaires.

La réalité n’est pas moins belle, mais elle est différente. L’océan est un endroit immense, bien plus que ce que j’arrivais à m’imaginer, et la plupart de cette immensité est… vide. En apparence évidement, mais c’est cette absence de vie qui marque en premier quand on plonge au mauvais endroit. Il peut y avoir des reliefs sublimes, des canyons, des rochers, et aucun poisson autour, peu de faune fixée. Je ne pense pas que ce soit des endroits morts, ce sont seulement des endroits peu propices au foisonnement attendu.

L’existence de tels sites rend la découverte de sites d’intérêt tellement géniale ! Car évidement ces sites foisonnants et impressionnants de la vie qu’ils regorgent existent aussi ! Le contraste est saisissant, et on se rend d’autant plus compte de la chance de pouvoir observer cette vie sous-marine si précieuse, et la nécessité absolue de protéger ces endroits.

Les moments mémorables

L’expédition dans son ensemble restera un souvenir précieux pendant très longtemps j’espère ! Il y a 2 moments en particuliers qui font désormais partie des meilleures plongées que j’ai eu la chance de vivre !

Le premier, c’est la découverte du pic Matama et ses millions d’alevins… je n’avais jamais vu autant de poissons ! La masse de ces petits poissons qui se referme autour de moi quand je me suis approchée, pouvoir les voir de si près sans qu’ils cherchent à fuir, et vraiment cette quantité impressionnante… je me suis sentie incroyablement privilégiée de faire partie de cet ensemble pendant ces moments en plongée. Surtout qu’on a pu plonger 2 fois sur ce site incroyable ! 😀

Le 2ème moment, je pense que c’est on top 1 toute plongée confondues. Un truc dingue que j’avais jamais imaginé possible ! On s’imagine pouvoir observer des choses superbes, des bancs de poisson impressionnants, mais jamais être au centre de tout ça… et c’est pourtant ce que j’ai eu la chance de vivre ! Au nord de l’atoll Huon, nous avons plongé dans un banc de carangues qui se sont mises à tournoyer très rapidement autour de nous, et en descendant dans ce tourbillon je me suis retrouvée seule au milieu de toutes ces carangues et des requins qui me tournaient autour, tout près… j’étais hypnotisée, c’était magnifique, un peu flippant, et tellement inattendu ! Un souvenir incroyable, qui restera gravé dans ma mémoire faute d’avoir pu en prendre des photos correctes ! :p

Ouais je suis toujours contente quand on parle de plongée ^^

Toutes les plongées et les photos

One Reply to “Campagne photo aux récifs d’Entrecasteaux en décembre 2019”

  1. Merci de partager ces émotions,ces couleurs,cette vie.Peux être pourrions nous modestement partager un café ?Tres belle journee.Caroll

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